An aerial view of Ituri. Photo by Michael Sladeczek/Oxfam.

Témoignage de Jeanne* sur l’impact de COVID-19 pour les femmes travaillant dans le secteur informel

Le COVID-19 a un impact profond sur les femmes travaillant dans le secteur informel—y compris les travailleurs domestiques, les vendeurs du marché, et propriétaires de petites entreprises. Pour ces femmes, c’est souvent impossible de gagner un revenu sans proximité physique avec leurs clients.

Le défi est encore plus sérieux pour certaines femmes vivant dans la pauvreté. Pour survivre, elles font le commerce du sexe, soit en se prostituant soit en entretenant le proxénétisme. Le commerce du sexe est illégal en RDC. Malgré cela, beaucoup de femmes, et mères, le voient comme seule moyen pour gagner un revenu. Comment peuvent-elles se protéger de COVID-19 et continuer à nourrir leurs enfants ? Qui apportera un soutien social pour elles ?

Le témoignage de Jeanne montre les choix difficiles pour une femme qui gagne sa vie à travers la prostitution. Il nous montre aussi l’importance de soutien sociale, sensibilisation, accès à la santé et mesures de protection (kits de lavage des mains, le gel désinfectant, du papier mouchoir, le cash nez) pour réduire la propagation de COVID-19.

Je m’appelle Jeanne je suis célibataire âgée de 26 ans et mère de deux enfants. J’habite le quartier Pont-Matete en ville de Bunia dans la province de l’Ituri. Je me suis séparée du père de mes enfants et je ne bénéficie pas de son soutien. Il y a de cela plusieurs années que je suis à la recherche du travail mais je n’ai jamais trouvé, or j’ai besoin d’argent pour survivre dans ce contexte de guerre chronique dans notre province. Faute de moyen, j’accepte volontairement de sortir avec des hommes pour trouver de quoi nourrir mes 2 enfants et moi-même.

A ces jours de COVID-19, quand j’ai la chance de trouver un client, je ne peux pas l’embrasser sur la bouche. Avant toute chose, je lui demande de se laver les mains et tout le corps avec de l’eau chaude. Je l’interdis de mettre ses mains sur moi et en plus, nous devons nous protéger contre le VIH-SIDA en utilisantant le préservatif. Je ne sais pas si cela suffit pour me protéger contre le COVID 19 si mon partenaire est porteur du virus.

Notre difficulté majeure à ces jours de COVID-19 est la difficulté de trouver des clients. Les bars et les boites de nuit où nous trouvons facilement les clients sont fermés. Cela a réduit sensiblement notre chance de trouver le client. C’est par grâce qu’on peut trouver un client à la maison.

Toutefois, j’ai maintenant 3 ans dans ce service. Si je trouve une autre option, je vais abandonner ce métier ou cette pratique qui a beaucoup des risques

Par ailleurs, nous avons des difficultés de trouver de l’eau dans notre quartier. Comment allons-nous bien nous protéger alors ? Nous demandons à notre gouvernement de finir la guerre et de nous amener de l’eau dans le quartier pour bien nous protéger.

*pseudonyme